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Nantes

Blocage paysan et écologiste de Lafarge dans la périphérie Nantaise et kidnapping de tracteurs et militant.es

 

À 8h00 ce lundi matin, à Nantes, plus de 150 personnes tout de blanc vêtu et 7 tracteurs se sont déployés de façon coordonnée et ont bloqué le site Lafarge de Janvraie. Ce joyeux cortège a scellé en acte l’alliance entre de nombreux.ses paysan.nes présentes sur place, certain.es avec leur tracteurs, et des jeunes et moins jeunes habitant.es de la région, tou·tes concerné·es par l’impératif de cette lutte contre le béton. Le monde paysan local est particulièrement remonté contre Lafarge-Holcim puisque l’aggrandissement des carrières de l’entreprise dévore le bocage et les terres fertiles du Sud-Loire.

Après quelques tentatives d’intrusion et quelques gazages, les manifestant·es ont improvisé un match de volley-ball sur le rond point, ont repeint la route devant la centrale, ont distribué des tracts contre le béton sur la 2*2 voies mise quasi à l’arrêt par le blocage… et ont pris une pause cookie-café bien méritée.

C’est à ce moment que la cavalerie est arrivé massivement, a rapidement nassé tout le monde et a procédé à des arrestations des personnes qui leur tombaient sous la main, tant parmi les personnes en blanc que parmi les conducteur·ices des tracteurs. Face à cette brutalité, les manifestant·es se sont groupé.es et ont fait masse. Iels ont refusé le chantage de la police qui consistait à exiger que tout le monde se démasque (ce qui visait un fichage massif) et que trois tracteurs soient laissés entre leur mains.

Face à cette détermination à ne pas céder les forces de l’ordre ont décidé d’accentuer encore plus l’absurdité de leur intervention, en interpellant encore une dizaine de personnes. Pour ensuite permettre à tout le monde de repartir sans donner leur identité et sans même se démasquer. Pour maintenir la pression, plusieurs organisations ont appelé à un blocage du périphérique, qui a été fortement ralenti au niveau du pont de Cheviré. Nous avons finalement pu repartir en cortège.

Au total ce sont vingt-quatre personnes qui ont été arrêtées. Un rassemblement a eu lieu devant le commissariat de Waldeck-Rousseau pour les soutenir et montrer notre solidarité. Pour l’instant, quinze personnes ont été libérées et huit sont maintenues en garde-à-vue. À ce désagréable bilan, il faut ajouter la retenue de trois tracteurs.

Leur outil de travail est ainsi bloqué, pendant quelques jours, semaines ou mois, ce qui aura un impact énorme sur leur travail agricole, en plus de la menace que fait déjà peser Lafarge tous les jours sur la survie de leurs fermes. En solidarité avec les paysannes et paysans concernées, nous faisons tourner cette caisse de soutien.

Rappelons que cette action s’inscrit dans les journées contre Lafarge et le monde du béton. Le week-end nantais avait déjà été marqué par plusieurs initiatives. L’entrée de l’usine Lafarge de Bouguenais a été repeinte. Samedi à Doulon, plusieurs centaines de personnes sont parties du camp « Doulon résiste au béton » installée sur la zone menacée d’artificialisation des Gohards, jusqu’à un entrepôt Lafarge des bords de Loirs à Sainte-Luce.

Le succès de l’opération avec une trentaine d’autres mobilisations, intrusions, blocages, désarmements en France est apparement monté au nez de Lafarge et de l’Etat. Après s’être offusqué de la séquestration imaginaire d’un gardien au Val de Reuil lors d’une intrusion dans un site qui a duré 10 minutes, ils ont envoyé leur police séquestrer manifestant.es, tracteurs et empêcher un piquet devant l’usine. À croire que la réinvention des formes de mobilisation contre les industries toxiques et les alliances que nous batissons leur font peur. La centrale à béton a néanmoins dû rester fermée toute la journée.

Un an après le désarmement de la cimenterie de Bouc Bel Air, nous nous félicitons de cette vague d’actions. Cette diffusion des gestes de résistance au béton est la meilleur réponse possible à leur écrasante répression.