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Sainte-Cécile

Action à St Cécile : communiqué des Soulévements de la Terre de Bourgogne Franche-Comté

 

Pour la journée d’action contre le monde du béton, les Soulèvements de la Terre de Bourgogne Franche-Comté on manifesté contre le projet d’extension de la carrière de Sainte-Cécile.

Le 10 décembre 2022, 200 personnes se sont introduites dans la cimenterie Lafarge de Bouc-Bel-Air, un des 50 sites les plus polluants du pays, pour la mettre à l’arrêt. Du 9 au 12 décembre, les Journées internationales d’actions contre Lafarge et le monde du béton font revivre cette mémoire par des actions partout en France.

En Saône-et-Loire, le projet d’extension de la carrière de Sainte-Cécile, propriété de Vinci, est emblématique de l’extractivisme sans limites qui ronge la planète :

  • Doublement de la production avec 500 000 tonnes extraites par an dont 350.000 tonnes destinées aux cimentiers
  • Doublement du trafic de camions
  • 6,7 hectares de forêts déboisées
  • Destruction d’habitats classés et d’espèces menacées
  • Pollution de la rivière Grosne
  • Bruit et poussières en provenance des camions, concasseurs et explosifs
  • Une plaie béante dans le paysage du Val Clunysois

Un bilan catastrophique pour l’environnement et la qualité de vie des riverains.

Le monde croule sous le béton. En France, 50 000 hectares de terres agricoles disparaissent chaque année, mettant en danger notre autonomie alimentaire, accentuant les effets du réchauffement climatique (inondations, canicules, sécheresse), et contribuant à l’épuisement des nappes phréatiques, à la destruction de la biodiversité.

Les comités des Soulèvements de la terre de Bourgogne Franche-Comté, rejoints par plusieurs organisations écologistes et sociales, ont répondu à l’appel international contre Lafarge et le monde du béton en organisant cette marche avec plusieurs actions devant le site de Vinci à Sainte-Cécile le 9 décembre.

D’une même voix, nous voulons porter un message clair : les règnes de Lafarge, Vinci et les autres conglomérats du béton ne sont plus une fatalité. Leurs exactions doivent cesser pour que cesse l’intoxication de ce monde. D’autres manières de construire et d’habiter le monde sont possibles.

Les Soulèvements de la terre – Comité de Cluny et les comités de Bourgogne Franche-Comté

 

 

Oraison funèbre lue devant la carrière de Sainte-Cécile :

Biens chères sœurs, biens chers frères, biens chères autres,
Nous sommes réuni.es en ce jour funeste du 9 décembre pour tourner
ensemble une des plus sombres pages de l’histoire du BTP,
Et c’est en incorrigibles hérétiques que nous invoquons Sainte Cécile,patronne des musicien.nes et des chanteurs, gardienne des harmonies,
pour faire cesser une dissonance morbide qui n’a que trop désaccordée la
symphonie terrestre,
Car derrière la modeste PME « TRMC » propriétaire de la carrière de
Sainte-Cécile qui nous sert de décor désolant, se cache l’ogre nommé
Vinci !
Vinci, multinationale au chiffre d’affaires qui dépassent l’entendement,
Vinci qui a étendu son ombre mortifère sur tous les continents,
Vinci ! Cela sonne comme le cri de guerre d’un César bouffi d’orgueil
Vinci : voilà un sobriquet qui annonçait un destin glaçant
Combien de milliers de kilomètres d’autoroutes déroulés frénétiquement ,
combien de ponts aux armatures démentielles, de tunnels percés dans les
flancs des collines,
combien d’hectares définitivement artificialisés par ta faute, Vinci,
combien de montagnes éventrées, de forêts englouties par tes carrières,
combien de tonnes de sable volées aux lits de rivières et de roches
arrachées aux entrailles de la terre,
combien de fleuves menacés par tes centrales à béton,
combien d’espèces vivantes disparues sous le tarmac de tes aéroports,
combien de tonnes de carbone déversées dans l’atmosphère,
combien d’habitant.es arraché.es à leur bocage,
combien, comme au Qatar, d’ouvriers réduits en esclavage,
combien d’accidenté.es du travail et de malades de la silicose,
combien de fusion-acquisition et de pots de vin,
combien
combien
combien aurait-il fallu de tous ces malheurs pour assouvir ta soif de
profit, pour épuiser ta folie extractiviste, pour calmer enfin ton âme
tortueuse et torturée ?
Vinci, sache-le, il est trop tard pour plaider coupable !
Tu n’as pas su résister aux sirènes de ce fléau indescriptible que l’on
nomme capitalisme,
Pis, tu en as été un des apôtres les plus zélés,
Tu prétendais mettre tes ambitions au service de l’humanité, alors que
n’importe qui pouvait constater chaque jour que tu étais un cavalier de
l’apocalypse,
Tu chevauchais côté à côté avec tes frères maudits, Lafarge, Bouygues,
et tant d’autres,
Et vous dévastiez le monde,
Concurrents en apparence, complices en secret, emportés par une fièvre
prométhéenne, animés par ce vieux délire de tous les patriarches
constructeurs : ériger une tour de Babel, plus grande que vos dieux
illusoires, pour atteindre on ne sait quel ciel absurde,Vos tours, de ciment et d’acier, n’ont finalement été que les symboles
du capitalisme agonisant,
à peine sorties de terre, elles ressemblaient déjà à des ruines,
Dans ton orgueil sans borne, tu as oublié que tu étais toi-même fait de
sable et que sable tu redeviendrais, après l’avoir transbahuté aux
quatre coins de la planète
Rassure-toi cependant, Vinci, car, nous, comités de Bourgogne Franche-Comté et
d’ailleurs, habitants et habitantes du Clunisois, nous sommes
venu.es mettre fin aux souffrances de ton esprit calcinée par la quête
du profit et l’indifférence à la dévastation,
Alors,
Entre ici, Jean Vinci, et n’en ressort jamais, s’il te plaît.
Puissent toutes les affreuses constructions dont tu as strié nos
paysages, tous les immeubles avec lesquels tu as emmuré l’horizon,
toutes les infrastructures par lesquels tu as étouffé l’éclosion d’un
autre monde, retourner à la poussière en même temps que toi
Savez-vous chères ami.es que le siège social de Vinci se situe à l’arrêt
de RER « Nanterre-la folie » ?
Signe prémonitoire, car aujourd’hui c’est bien ta folie qu’on enterre,
Vinci
Étrange enterrement où les sourires ornent les bouches et des larmes de
joie font briller les joues
Car en prenant congé de toi, Vinci, nous levons un verre (de soupe)
à nos utopies sans béton
à nos voyages sans autoroute
aux aéroports de nos ivresses
à nos aventures à petite vitesse
à nos grandes allégresses
à nos solidarités en ciment
à nos espoirs en ossature bois
à nos ponts auto-construits qui porteront les révoltes du futur
au-dessus des eaux glacées du capital
Alors, nous disons,
Adieu Vinci
Bonjour la vie !