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Nouvelle-Aquitaine : NON à LGV

La lutte contre la LGV Bordeaux-Dax/Bordeaux-Toulouse très mobilisée, dans le cadre des journées contre la Lafarge et le béton.

Dans le cadre de l’appel à actions contre Lafarge, le béton et son monde du 9 au 12 décembre 2023, une dizaine de mobilisations se font échos en Nouvelle-Aquitaine pour clamer d’un seul bloc un non catégorique à la grande vitesse, depuis les carrières et les centrales à béton qui serviraient à approvisionner le plus grand chantier du territoire, celui du Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), qui prévoit la construction des Lignes à Grande Vitesse Bordeaux-Toulouse/Dax. Les collectifs solidaires partagent ce weekend une carte interactive pour visibiliser leurs actions conjointes.

Depuis ce mouvement, nous clamons que l’alternative aux LGV n’est pas une course la vitesse sur les lignes existantes : elle est dans le lien immatériel et millennaire entre les territoires et ce qui les peuple. C’est pourquoi, du 9 au 12 décembre, nous avons arboré un slogan commun – “Béton, Carrières : LGV mortifères !” – lors de différentes actions :

  • A Saint-Michel-de-Rieufret puis à Porchères, les collectifs de Gironde se sont retrouvés sur le terrain à l’appel de LGV NINA (Ni Ici Ni Ailleurs), malgré la pluie qui ne s’arrête plus dans le département et le regard vigilant des gendarmes. Habillés pour la circonstance, portant les pancartes désormais incontournables en Sud-Gironde, des liens précieux étaient noués avec les habitants des communes balafrées par les gigantesques carrières sur lesquelles il y aura encore tant à dire.
  • Sur la métropole de Bordeaux, à Lormont, Bordeaux Se Soulève, Attac, ANV COP 21 et Extinction Rebellion ont organisé une mobilisation forte en couleurs. Beaucoup d’autres collectifs ont répondu à l’appel, avec parmi les signataires LGV NINA, StopLGV47, Collectifs Bordeaux Centre, AG des luttes, Collectif Bassens, … Cette composition bigarrée s’est heurtée à des forces de l’ordre en surnombre (tout de même 6 camions de police mobilisés), estimant sans doute que les prises de paroles incendiaires mettaient en péril les granulats Lafarge. Ce ratio révélateur montre combien l’État protège le profit. Cela n’a pas empêché Bordeaux de faire échos aux collectifs vent debout ailleurs sur le territoire.
  • Dans le Lot-et-Garonne, le comité local des Soulèvements de la Terre a organisé un rassemblement sur la carrière de Montpouillan près de Marmande, avec la coalition StopLGV47 rassemblant plus d’une dizaine de collectifs, certains depuis 15 ans dans la lutte comme TGV en Albret, et d’autres là-aussi issus de mouvements plus récents comme les Gilets Jaunes de Samazan et LGV NINA qui montre à quel point nos territoires n’ont nulle peine à se connecter (sans LGV). Là-aussi, forte présence de gendarmes hors et dans le site, désoeuvrés, ne sachant pas quoi faire, certains auraient hésité à porter nos pancartes.
  • Enfin, à Blanquefort, Cabanac, Villenave-d’Ornon, Libourne, quantité d’autres sites Lafarge ont été marqués de slogans, fermés par des chaînes ou bloqués par des mousses expansives ou de la soudure à froid. Un communiqué reçu par mail affirme la solidarité de ces actions avec les luttes contre Euratlantique et le projet de LGV Bordeaux-Toulouse-Dax, évoquant la métropolisation sous-jacente : “le béton sert à modeler l’environnement urbain pour répondre aux délires de contrôle du pouvoir : fluidifier les flux, aseptiser les villes, gouverner les corps et discipliner les esprits”.

Lafarge, le monde du béton et toute la filière du BTP se frottent les mains à l’idée d’un projet pharaonique comme celui de la LGV, dont les besoins estimés en matériaux cumulent un volume équivalent à 21 pyramides de Khéops (54 millions de m3). Les conséquences des enjeux d’approvisionnement du chantier du GPSO – pour ne citer que ceux-là – sont alarmantes :

1.   En raison des besoins colossaux en matériaux notamment pour alimenter les remblais, de nombreuses carrières, gravières, sablières tourneraient à plein régime dans le Sud-Ouest et ailleurs (l’approvisionnement par camions doit d’ailleurs générer un trafic supplémentaire sur les routes de 15% pendant 5 à 10 ans,  d’après l’enquête publique) ;

2.   Les ressources des sites déjà ouverts étant insuffisantes, sont prévues des extensions et l’ouverture de nouvelles carrières qui ne seraient pas neutres sur le bilan foncier du projet ;

3.   Chaque ouvrage d’art (viaducs, tunnels, …) suppose plusieurs milliers de tonnes de béton et d’acier de structure. Mais il y a aussi le béton que l’on ne voit pas : celui qui est infiltré directement dans les nappes aquifères vulnérables pour constituer les fondations de ces quelques 454 ouvrages en projet. Certains seraient long de un à deux kilomètres ;

4.   Le chantier suppose en outre l’”occupation temporaire” de zones supplémentaires pendant toute la durée des travaux. Ces terres autour du tracé seraient décapées et traitées à la chaux pour l’accès des engins, l’installation des bases travaux, et la création d’usines temporaires Lafarge, Vinci, et compagnie. Ces dégâts supplémentaires contredisent les propos des élus comme Alain Rousset (président de la Région Nouvelle-Aquitaine) qui affirme que les impacts du GPSO se limiteraient au seul tracé des voies ;

5.   Du béton bonus serait enfin coulé pour les ZAC autour des gares comme celle de 600 hectares à  Montauban : combien d’autres ‘à-côté’ des LGV faut-il dénoncer, destructions induites qui n’existeraient
pas sans elles ?

Tous ces éléments gonflent le bilan des destructions occasionnées par le projet, dévastant 4800 hectares de terres et des écosystèmes fragiles comme celui de la Vallée du Ciron pourtant unique au monde. C’est le prix à payer pour que la grande vitesse s’affranchisse des reliefs du territoire.*

Tout cela pour quoi ?

Pour permettre un gain de vitesse à quelques métropolitains aisés qui traverseraient ainsi les territoires toujours plus vite sans rien y voir – seuls 6% des usagers du train empruntent les LGV (d’après les données statistiques de l’Autorité de Régulation des Transports publiés en 2023). Contrairement à ce qu’avancent les promoteurs, ce projet ne répond donc pas à un besoin de mobilité : personne n’a besoin d’aller plus vite dans un monde déjà accéléré au-delà de l’entendable. Un tel mépris attise une indignation qui, progressivement, tisse des liens durables et déterminés dans le Sud-Ouest : un mouvement global anti-LGV, solidaire des autres luttes contre les grands projets inutiles, est né.

Ensemble, nous nous opposons à ce projet anachronique, inutile et anti-démocratique qui viderait les territoires de leurs incommensurables richesses pour mieux remplir les poches des actionnaires du BTP.